Lorsqu'on aborde le domaine du parfum, nous pensons immédiatement aux fleurs et à leurs fragrances prononcées. Cependant, le monde du végétal renferme d’autres matières que l'humanité a rapidement découvert et exploité pour créer des parfums.
PARTIE 1 : Les plantes utilisées en parfumerie
Les parfumeurs ne se limitent pas uniquement aux fleurs pour obtenir les matières premières essentielles à la création des parfums. En effet, d'autres parties des plantes peuvent être exploitées pour extraire de précieuses substances aromatiques.
Il peut s'agir de :
Fleurs comme pour la rose, le muguet , le lilas, le mimosa, la violette…
Fruits comme pour les agrumes, la vanille, la noix de coco, la pêche…
Feuilles pour la lavande, le romarin, le thym, la sauge, l’armoise, la menthe, le patchouli, l’eucalyptus, le géranium…
Racines pour l’iris, le vétiver, la gentiane…
Bois comme le bois de santal, le cèdre, le bois de bouleau…
Écorces pour la cannelle, l’amyris…
Résines et gommes pour la myrrhe, l’encens, le benjoin…
Graines de plantes à parfum pour la cardamome, la coriandre, le gingembre, l’anis, les baies de genièvre, la muscade, le poivre…
Quelles sont les fleurs les plus utilisées en parfumerie ?
La rose occupe une place centrale dans la création de parfums à base florale.
Fleur d’oranger
Jasmin
Le saviez-vous ? Au-delà des végétaux, on peut également utiliser des substances animales pour la parfumerie tels que le musc, l’ambre ou l’absolue de cire d’abeille. Retrouvez plus d’informations sur les substances animales en parfumerie ici.
PARTIE 2 : L’extraction
L'extraction de ces substances odorantes varie en fonction de plusieurs facteurs, tels que leur concentration dans la plante, leur sensibilité à la chaleur, ainsi que les contraintes budgétaires (étant donné que certaines techniques sont coûteuses). La méthode la plus courante est la distillation à la vapeur, qui permet d'obtenir une huile essentielle. Cependant, d'autres méthodes sont également utilisées, notamment l'enfleurage et la macération, qui donnent des absolues. Dans le cas des fruits d'agrumes, on opte souvent pour l'extraction par simple pression des zestes, ce qui produit une essence.
La distillation : est une méthode d'extraction employée en parfumerie notamment pour extraire les huiles essentielles de plantes et de fleurs en utilisant de la vapeur d'eau. Cette technique est encore utilisée de nos jours. Les végétaux sont disposés sur une surface perforée située au sommet d'un réservoir. Pour exemple, les pétales de roses sont immergés dans de l'eau (une quantité considérable, 1 500 litres d'eau pour 500 kg de roses), à l'intérieur d'un appareil de distillation appelé alambic, qui se compose d'un grand réservoir surmonté d'un long tuyau coudé. Le mélange est ensuite chauffé jusqu'à l'ébullition. À mesure que la vapeur monte, elle capture les composés odorants des fleurs et les transporte à travers un système de refroidissement. Le liquide résultant est un mélange d'huile essentielle, également connu sous le nom d'essence, qui est ensuite séparé et récupéré dans un récipient appelé un "florentin" ou un "essencier".
L'enfleurage : est une méthode de création de parfums qui consiste à l'immersion de matières premières dans une substance grasse afin d'absorber leurs arômes. Il existe deux variantes de l'enfleurage : l'enfleurage à chaud et l'enfleurage à froid. Bien que cette technique ait été largement utilisée par le passé, elle a été complètement délaissée de nos jours car elle présentait plusieurs inconvénients :
Un faible rendement : 1 kg de graisse pouvait absorber 3 kg de fleurs.
Une technique manuelle demandant un savoir-faire exigeant, donc un personnel qualifié.
Un procédé très long.
Un grand nombre de matériaux (châssis, batteuses…) étaient nécessaires
L’enfleurage s'emploie en fonction du type de plantes, notamment les fleurs fragiles comme la fleur d'oranger ou du jasmin.
L’extraction par solvants : Il consiste à dissoudre le parfum de la plante dans un solvant que l'on fera ensuite évaporer. Cette méthode permet d'obtenir des produits parfumés de grande qualité, riches en arômes.
Ce processus d'extraction est préconisé pour obtenir des composés actifs à partir de sources telles que les racines, les écorces. Il est particulièrement approprié lorsque les substances actives sont solubles dans l'eau mais difficiles à extraire en raison de leur inaccessibilité.
PARTIE 3 : Un peu d’histoire
Pour connaître l'histoire du parfum, il est essentiel de se pencher sur ses origines.
Ainsi, aussi loin que remonte notre connaissance, le parfum a toujours été présent, sous diverses formes et utilisations.
L’histoire du parfum débute avec son commerce qui voit le jour grâce aux Sumériens (3e siècle avant J.-C.), une civilisation située en Mésopotamie. Très vite, Alexandrie et toute l’Égypte Antique offrent une place considérable aux senteurs en développant un véritable culte du parfum. Essentiellement utilisé pour sa fonction « mystique ». En effet , les parfums étaient principalement destinés au culte des divinités, les matières premières étaient souvent utilisées sous leur forme brute, directement à partir de fleurs. Les rituels impliquaient généralement la combustion d'essences aromatiques en l'honneur des dieux.
Le saviez-vous : Le mot "parfum" lui-même dérive du latin "per fumum", signifiant littéralement "à travers la fumée".
L’usage du parfum ne se limitait pas à un usage divin, mais également thérapeutique, réputé pour soulager les maux de tête et pour traiter des affections gynécologiques.
Toutefois, c'est à la reine Cléopâtre que l'on attribue le mérite d'avoir initié l'association entre la parfumerie et la beauté féminine. Elle avait une affection particulière pour les bains parfumés.
Du côté des Grecs, ce sont eux qui sont devenus de véritables maîtres dans l'art de créer des produits parfumés. Ils ont notamment inventé la technique de l'enfleurage, une méthode encore employée de nos jours, pour produire les premiers parfums liquides.
Durant la Renaissance, les membres de la noblesse avaient recours aux parfums pour dissimuler les odeurs corporelles, en effet la pratique de l'hygiène personnelle quotidienne n'était pas encore répandue. Ainsi, pour masquer les mauvaises odeurs, ils utilisaient principalement des fragrances puissantes telles que l'ambre, le musc, le jasmin ou la tubéreuse. De plus, les grandes explorations menées par des navigateurs tels que Christophe Colomb, Magellan et Vasco de Gama ont permis d'importer de nouvelles matières premières parfumées comme le cacao, la vanille, le tabac, le poivre et la cardamome.
C'est aussi à cette époque que des parfumeurs ont commencé à s'établir à Paris, et la noblesse française a adopté la tendance des gants parfumés, ce qui a finalement conduit à la création de la corporation des gantiers parfumeurs français en 1656.
Le 18ème siècle marque l’essor de la toilette personnelle et de la cosmétique. Ainsi, sous Louis XV et sous l’influence de Madame de Pompadour, la cour de Versailles fait un usage immodéré de parfums. Elle est d'ailleurs nommée “la cour parfumée”.
PARTIE 4 : Les parfums de synthèse
Le surnom de "fleurs muettes" a été attribué à ces fleurs qui n'ont jamais révélé leur secret, même aux parfumeurs les plus expérimentés. En effet, jusqu'à ce jour, aucune méthode traditionnelle de fabrication de parfum n'a réussi à capturer leur fragrance. Ces fleurs silencieuses ne produisent ni essence ni absolu à extraire pour créer un parfum. Pourtant, elles sont souvent présentes en tant qu'ingrédients clés dans des parfums célèbres. En effet, il est important de noter que vous ne trouverez pas de véritable muguet dans un parfum appelé "muguet", ni de jacinthe dans une fragrance portant ce nom. Comment est-ce possible ? S’il est impossible d’extraire l’odeur naturellement, il est possible de les synthétiser.
La synthèse permet de répliquer la “nature” en laboratoire. Pour ce faire, il existe plusieurs méthodes :
-Le fractionnement : il permet de séparer les différents constituants d’une essence, en isolant les corps chimiques intéressants et en retirant ceux considérés comme inutiles. Ici, on ne parle pas encore vraiment de molécules de synthèse mais d’isolat : il s'agit toujours de matières premières naturelles qui ont été remodelées pour ne conserver que les aspects souhaités.
-Le head space : développée dans les années 1970, cette technique vise à reconstituer “in vivo” (au sein du vivant) toutes les molécules odorantes d’une matière première. Cette technique offre également la possibilité d'analyser et de reproduire n'importe quelle odeur, qu'il s'agisse de l'odeur de la plage, de la montagne ou même de l'odeur d'un billet.
Pour réaliser une technique de "headspace", on place la matière première sous une cloche en verre remplie d'un gaz neutre qui se charge en molécules odorantes provenant de la matière. Ensuite, le gaz recueilli est analysé à l'aide de diverses techniques :
Chromatographie : Cette méthode permet d'identifier précisément les molécules odorantes qui composent l'odeur en question. Elle est couramment utilisée pour analyser et reproduire la composition des parfums présents sur le marché.
Spectrométrie de masse : Cette technique mesure la masse des molécules présentes dans l'échantillon gazeux, ce qui permet d'identifier les composants en fonction de leur masse moléculaire.
RMN du carbone 13 : La Résonance Magnétique Nucléaire (RMN) du carbone 13 est une technique qui permet d'étudier la structure des molécules en analysant les noyaux de carbone 13 présents dans les échantillons. Elle peut être utilisée pour caractériser les composés chimiques et déterminer leur structure.
Le saviez-vous : La technologie IFF avec le Living Flower, a capturé l'odeur émise par une rose envoyée dans l'espace, embarquée en octobre 1998 à bord de la mission spatiale Discovery, la rose appelée “Overnight Scentsation” a développé des notes plus florales, bien différentes de celles qu’elle avait sur terre. [en savoir plus sur les plantes dans l’espace]
Une fois que les molécules odorantes ont été identifiées ou isolées, les chimistes peuvent les reproduire en laboratoire en utilisant deux méthodes principales :
Synthèse chimique : cette méthode consiste à recréer artificiellement les molécules odorantes en combinant différents réactifs chimiques.
Création des odeurs qui n'existent pas dans la nature. Comme la calone, une molécule née dans les années 90 qui évoque des senteurs marines et iodées, ou encore à l’éthyl-maltol qui donne aux parfums cette odeur régressive et gourmande de fruits cuits ou de caramel.
PARTIE 5 : L’industrie du parfum
Au XIXe siècle, l'industrie du parfum a été lourdement perturbée par l'avènement de la synthèse chimique. Les parfums classiques de l'époque, principalement les eaux de Cologne, ont été rapidement remplacés par des fragrances totalement nouvelles. Les molécules de synthèse étaient moins coûteuses à produire, permettant ainsi une production plus rapide et en grande quantité. C'est à cette époque que la parfumerie a commencé à prendre la forme que nous lui connaissons aujourd'hui.
Aujourd’hui, le marché mondial des parfums et des arômes est estimé à 26 milliards d’euros en 2019. Cinq groupes se partagent 74 % du marché mondial :
Givaudan. – Société suisse fondée à Zurich en 1895,
IFF (International Flavors & Fragrances). – Société américaine dont le siège est à New York,
Firmenich & Cie. – Société suisse,
Symrise. – Société allemande dont le siège est à Holzminden.
Fondé en 1850 à Grasse, le groupe Robertet se distingue par sa spécialisation dans le sourcing et la transformation de matières premières naturelles utilisées pour la création de parfums, d’arômes et d’actifs dans les domaines de la santé et la beauté.
Aujourd'hui, le groupe Robertet est représenté dans plus de 50 pays, emploie plus de 2 200 personnes dans le monde et offre à ses clients une gamme de plus de 1 350 matières et produits naturels créés dans l'un de ses 14 centres de création mondiaux.
En 2021, la superficie totale consacrée aux plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) était de 67 462 hectares, selon les données de la Politique Agricole Commune (PAC) :
Environ 56 % de cette superficie, soit 37 438 hectares, étaient consacrés aux plantes à parfum, parmi lesquelles près de 49 % étaient dédiés aux lavandes et lavandins.
Les plantes médicinales occupaient environ 30 % de la superficie totale.
Enfin, les plantes aromatiques représentaient environ 14 % de la superficie totale des PPAM.
La production française de plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) en 2022 connaît une nette diminution selon FranceAgriMer, en comparaison avec l'année 2019, la production de 2022 enregistre une chute de 60%. S'établissant ainsi à 1 470 tonnes, cette baisse est remarquable après les niveaux record de production de lavandin atteints en 2020 et 2021, avec respectivement 2 100 tonnes.
Cette baisse peut être attribuée à plusieurs facteurs, principalement liés aux conditions météorologiques et au conflit en Ukraine.
La réduction des réserves d'eau dans les sols de toutes les zones de production, causée par le manque de précipitations,
Attaques massives de cécidomyies sur les cultures de lavande
De plus, le conflit en Ukraine a eu un impact notable sur l'industrie des PPAM en France. Les coûts de production et de transport ont augmenté en raison de la perturbation des chaînes d'approvisionnement et de la hausse des prix des matières premières, notamment l'huile de tournesol nécessaire à la fabrication de certains produits de la filière.
PARTIE 6 : Villa Blu by Robertet
Villa Blu est un accélérateur, dont la mission est de soutenir des projets axés sur la nature et l'environnement. Cette initiative est soutenue par le Groupe Robertet, cité plus haut, ainsi que d'autres partenaires stratégiques soigneusement sélectionnés. Farm3 est ravi d'avoir été choisi pour faire partie de la première promotion de VILLA BLU by Robertet.
PARTIE 7 : Incubateur du patrimoine
Dans le cadre de notre admission dans la cinquième promotion de l'incubateur du patrimoine, Farm3 a monté un projet autour du "conservatoire du végétal", en collaboration avec le CMN. Ce projet à permis de produire dans nos structures, en climat contrôlé, des plantes particulièrement utilisées au 18e siècle pour la parfumerie, tel que la mélisse et le patchouli.
Conclusion :
Farm3 est un expert de la donnée agronomique (génération et traitement) et le seul acteur qui propose une solution toute intégrée. Farm3 place la plante au cœur de vos projets de fermes verticales, vous permettant de produire en hors-sol des plantes qui jusqu'à présent ne l'étaient pas, et ce à des coûts d'investissement et de production réduits et maîtrisés.
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