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Relocaliser l'approvisionnement en végétal

Dernière mise à jour : 12 mars



L’année 2020 a mis en lumière trois facteurs qui, conjugués et renforcés par la crise sanitaire, remettent en question les critères de production et les méthodes d’achat : une concentration de l’offre et de la demande à l’échelle européenne, une production en baisse, une évolution attendue de la palette végétale alors que ses cycles de production sont longs. Sécuriser les approvisionnements est un véritable enjeu aujourd’hui qui concerne de nombreuses industries : agro-alimentaire, horticole, cosmétique, pharmaceutique, etc.


Nous allons voir à travers cet article comment l'industrie du végétal a évolué au cours des dernières décennies, soit par des décisions politiques ou à cause des différentes crises environnementale, sanitaire et politique qui ont éclaté et quelles solutions s'imposent à elle pour s'adapter et assurer sa sécurité.






PARTIE 1 : La production en France

Agriculture

Depuis le début des années 2000, la puissance agricole de la France diminue mettant en lumière certaines vulnérabilités, voir des dépendances. En effet, la France importe de plus en plus de denrées alimentaires.


L'excédent commercial agricole chute rapidement : 11,4 milliards d'euros en 2011 contre 5,5 milliards d'euros en 2017. En 2005, la France était le 3ème exportateur mondial, elle a chuté à la 6ème place en 2019.

Au niveau des importations, près d'un fruit ou légume sur 2 est importé (contre 1/3 il y a 20 ans). Au total, la France importe 20% de son alimentation et 1/4 des produits importés ne respectent pas les normes sanitaires imposées en France notamment sur les pesticides (ex : thé de Chine, pistaches des Etats-Unis).


Le commerce mondiale de produits agricoles et agroalimentaires a doublé entre 1995 et 2018, atteignant 1 500 milliards de dollars en 2018.

La contribution de l’agriculture à la valeur ajoutée de l’économie française est de plus en plus modeste, elle est passée de plus de 18% au début des années 50 à 1,8% en 2019 (4% si on y ajoute les industries agroalimentaires). Un peu plus de 400 000 exploitations agricoles parsèment la France, plus de deux fois moins qu’à la fin des années 80.


L’agriculture continue cependant d’être un secteur important de l’économie et du rayonnement de la France.


Les produits issus de l’agriculture et de l’agroalimentaire constituent en effet le troisième poste d’excédent commercial de la France, avec + 7,8 milliards d’euros en 2019, derrière le secteur aéronautique et spatial (+ 29,8 milliards), les produits chimiques, cosmétiques et parfums (+ 14,7 milliards) , et devant les produits pharmaceutiques (+ 5,7 milliards). Sur la période allant de 2010 à 2020, l’excédent annuel moyen agricole et agroalimentaire s’établit à 8,4 milliards d’euros. La France demeure le premier producteur primaire (en productions végétales et animales) européen en valeur, avec un total de 69 milliards d’euros en 2019. La part de la production agricole française dans la production européenne (17% en 2019) est toutefois en recul de presque 1,5 point par rapport à 2010. La France reste en tête du classement s’agissant de la seule production végétale (42 milliards d’euros en 2019, soit 18,5% de la production européenne).


La France se maintient depuis 2015 au sixième rang des exportateurs mondiaux sur ces secteurs. Toutefois, elle a vu ses parts de marché au niveau mondial passer de presque 8% en 2000 (elle était alors le deuxième exportateur mondial) à 4,7% en 2019. Au début des années 2010, elle a reculé de la première à la troisième place du classement des exportateurs européens, détrônée par les Pays-Bas et l’Allemagne.


Les exportations de produits bruts atteignent 15,3 milliards d’euros, alors que les exportations de produits transformés (y compris vins et spiritueux) atteignent 48,1 milliards d’euros, et représentent les trois quarts du total des exportations agricoles et agroalimentaires françaises. La France recule ainsi au 9e rang mondial pour les exportations de produits bruts (8e rang en 2018), derrière les États-Unis, le Brésil, les Pays-Bas, la Chine, l’Espagne, le Canada, l’Inde et le Mexique. En revanche, la France reste au 4e rang pour les exportations de produits transformés, derrière les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas. C’est au milieu des années 2000 que la part de marché des exportations agroalimentaires allemandes en zone euro a dépassé celle des exportations françaises.


L’excédent commercial agricole et agroalimentaire de la France est avant tout le résultat des excédents exceptionnels enregistrés dans deux catégories de produits :

  • les vins et spiritueux : avec 15,7 milliards d’euros d’exportations, soit 18,5% de part de marché mondial, et un solde positif de 12,4 milliards d’euros en 2019. La France est le premier exportateur mondial dans cette catégorie.

  • les céréales : avec 7,7 milliards d’euros d’exportations en 2019, soit 6,7% de part de marché mondial, et un excédent de 6,2 milliards d’euros. La France est le troisième exportateur mondial, contribuant activement aux équilibres alimentaires de certaines régions du monde, comme en Afrique du Nord (le Maroc et l’Algérie captant presque 20% de nos exportations en 2019)

Sans les spiritueux et céréales, la balance agricole et agroalimentaire de la France devient très déficitaire (-11 milliards d'euros en 2019).


Le solde commercial du poste « Semences et plants », intrants stratégiques des systèmes productifs agricoles, est lui aussi positif, avec presque 1 milliard d’euros d’excédent en 2019, tout comme les sucres, avec un demi-milliard d’euros d’excédent en 2019.



Fig 1 : Tableau de bord des résultats à l’export des filières agricoles et agroalimentaires 2019. Source : FranceAgriMer /Données Direction générale des Douanes et Droits indirects
Fig 1 : Tableau de bord des résultats à l’export des filières agricoles et agroalimentaires 2019. Source : FranceAgriMer /Données Direction générale des Douanes et Droits indirects

Les importations agricoles et agroalimentaires de la France représentent au total environ 20% de l’alimentation nationale; elles ont doublé entre 2000 et 2019, passant de 28 à 56 milliards d’euros, essentiellement en provenance de pays de l’UE. Sur les 26 millions d’hectares mobilisés pour l’alimentation des Français, presque 10 millions d’hectares se trouvent hors de France. Autant certaines hausses d’importations sont dues aux préférences des consommateurs (pour les fruits exotiques par exemple), autant d’autres sont liées à une dégradation de la compétitivité de certains secteurs, posant davantage la question de l’autonomie stratégique de la France.


Au premier rang des déficits commerciaux agricoles et agroalimentaires de la France figurent les fruits et légumes, les produits de la mer et les produits issus de l’agriculture biologique. Les importations de fruits et légumes de la France ont considérablement augmenté en raison de la hausse de la demande de fruits exotiques (avocats, mangues…), ainsi que de celle de jus de fruits, et en raison de la diminution moyenne des surfaces de l’ensemble du verger français de plus de 12% par rapport à l’année 2000 (-29% pour les pommiers, -34% pour les cerisiers, -52% pour les poiriers, -59% pour les nectariniers). Des fruits dont la France fut un important producteur sont également de plus en plus importés : melons (167 millions d’euros d’importations en 2019 et un déficit de 115 millions) et pêches (84 millions d’euros d’importations en 2019 et un déficit de 66 millions).


Fig 2 : Importations et exportation française de 5 fruits et légumes de base. Source : direction générale des Douanes et Droits indirects.
Fig 2 : Importations et exportation française de 5 fruits et légumes de base. Source : direction générale des Douanes et Droits indirects.

Pour les tomates (fraîches et transformées), le taux d’approvisionnement français n’est que de 37,4% en 2018 (dont 70% sont produites en hors-sol, (téléchargez notre livre blanc pour en savoir plus) ; 80% des tomates que nous importons viennent du Maroc et d’Espagne. Pour les raisins de table et les oranges, ce taux baisse respectivement à 13 et 1,2%.

La France exporte beaucoup de pommes et enregistre donc un solde positif. Cependant, elle importe plus de jus de pomme qu'elle n'en exporte. La fraise, bien que toujours déficitaire, a été relancée en France en misant sur une image qualitative du produit au lieu de se porter sur la compétitivité-coût.


Les origines de ce déclin agricole sont nombreuses : urbanisation importante qui s'étend sur les territoires agricoles, taxation élevée des produits agricoles, normes environnementales renforcées, disparition d'exploitations agricoles, etc.


Horticulture

La France est largement dépendante des importations d'un large nombre de produits agricoles, pour l'alimentation mais aussi pour d'autres biens largement consommés par les Français dont le bois et les fleurs.


Le secteur de l’horticulture ornementale se compose de 4 branches d’activités spécialisées ayant chacune les caractéristiques particulières à tous les niveaux de la filière : fleurs et feuillages coupés, plantes en pot et à massif, végétaux de pépinières et bulbes à fleurs.


En 2017, le marché des fleurs en France a généré environ 1 milliard d’euros. Mais ce marché est en fait mondial, puisque 85 % des fleurs coupées qui finissent dans nos vases viennent de l’étranger (Colombie, Kenya, Éthiopie, Israël, Equateur, Chine, etc.) et que dans neuf cas sur dix, elles ont transité par les Pays-Bas, plaque tournante du business de l’horticulture, qui représente 60% du marché mondial. [8]

En France, 9 exploitations horticoles sur 10 ont disparu en l'espace de 50 ans.



Fig 3 : importation européennes de fleurs coupées. Source : lafinancepourtous.com
Fig 3 : importation européennes de fleurs coupées. Source : lafinancepourtous.com

En France, la profession horticole, avec l’appui du ministère de l’agriculture, tente d’amener les consommateurs à privilégier des fournisseurs nationaux à travers :

  • la création d’un label « fleurs de France », lorsque plus de 50% des composants d’un bouquet a poussé sur le territoire national. Et aussi, la définition d’une charte de qualité, la mise en œuvre de certifications (ex : plante bleue) ;

  • des mesures nationales pour soutenir la filière horticole depuis 2016 avec des déclinaisons régionales et des relais, notamment dans les aires les plus concernées, comme le Val de Loire, l’Auvergne, la Provence (ex : contrat de filière) ;

  • des campagnes de communication autour de la priorité aux circuits courts et aux respects des saisons.

Parfumerie

Les plantes et fleurs destinées à la production d'huiles essentielles sont nombreuses (lavande, eucalyptus, camomille, géranium, agrume, menthe, patchouli, etc.).

La France est un acteur majeur du marché mondial, puisqu'en 2019, elle était placée à la troisième place des importations et des exportations en valeur. Notamment spécialisé dans la production d'huile essentielle de lavande, le marché français affiche des niveaux de production en hausse et une demande solide, avec ses 30 000 hectares de culture de lavande et de lavandin en 2020, en hausse de 7% par rapport à 2019. Au premier semestre 2021, la France a connu une croissance du chiffre d'affaires de fabrication d'huiles essentielles de 7,7% par rapport à 2020, montrant ainsi que le dynamisme de ce marché est bien présent (encouragé en partie par la crise du COVID).


Cependant, la culture de lavande est de plus en plus menacée en France. En effet, la lavande française est concurrencée par les pays à faible coût de main-d'œuvre comme la Bulgarie (premier producteur mondial de lavande depuis 2014, dépassant la France) et la Chine. Elle doit également faire face à des maladies comme le dépérissement qui ravage des hectares de production, l'espérance de vie des plants de lavande étant passé de 20 ans à 5 ans.



Fig 4 : Figure : Lavandin à gauche et lavande vraie à droite. Source : Futura Sciences
Fig 4 : Figure : Lavandin à gauche et lavande vraie à droite. Source : Futura Sciences

En France, une bonne partie des cultures de lavande a été remplacée par des cultures de lavandins. Le lavandin est une espèce hybride, croisement entre deux espèces de lavande (lavande finet et lavande aspic). A la différence de la lavande, le lavandin est stérile et se multiplie uniquement par bouturage. Le lavandin a remplacé petit à petit la lavande car il donne de bons rendements et pousse à plus basse altitude. Il est également moins coûteux et plus abondant : 1 hectare de lavandin produit environ 100kg d'huile essentielle contre 15kg pour la lavande. Cependant, le lavandin dégage un parfum plus fort et camphré, moins subtil que le parfum de lavande.


La lavande et le lavandin représentent 10 000 emplois directs et 17 000 emplois indirects pour 50 millions de chiffre d'affaire par an.


PARTIE 2 : Le transport des denrées

Le transport alimentaire est un maillon essentiel des chaînes d'approvisionnement en végétal. Une étude menée par une équipe de l'université de Sydney s'est intéressée au transport alimentaire. Elle montre que le transport alimentaire est responsable de près de 20% des émissions de CO2 liées à l'alimentation et a près de 6% des émissions de gaz à effet de serre totales. Soit plus précisément 3,0 gigatonnes d'équivalent CO2.


Les émissions liées au transport dépendent du type d'aliment. Ainsi, le transport mondial de marchandises associé à la consommation de fruits et légumes représentent 36% des émissions générées par le transport alimentaire. Ce qui est près de deux fois la quantité de gaz à effet de serre libérée lors de leur production car les fruits et les légumes nécessitent un transport à température contrôlée. Les farines et céréales représentent 20% des émissions, et les produits laitiers 12%.


Les pays développés sont responsables de la moitié des émissions du transport alimentaire. La Chine, les Etats-Unis, l'Inde et la Russie sont quant à eux les principaux émetteurs du transport de denrées alimentaires.


La conclusion que met en avant cette étude est qu'en plus de devoir favoriser les aliments d'origine végétale, il devient urgent de manger local. Si la population mondiale ne mangeait que des produits locaux, la réduction des émissions s'élèverait à 0,38 gigatonne.



Fig 5 : Emission de CO2 du transport et de la production de nos aliments pour les fruits et légumes et pour la viande. Source : Swissveg.
Fig 5 : Emission de CO2 du transport et de la production de nos aliments pour les fruits et légumes et pour la viande. Source : Swissveg.

En comparaison, des chercheurs de Carnegie Mellon University à Pittsburgh ont également étudié la question de l'impact écologique des transports alimentaires. Leurs conclusions diffèrent légèrement. Pour eux, le choix de l'aliment a un impact beaucoup plus important que le transport. Ainsi, de la viande de production locale nuit plus à l'environnement que des fruits et légumes importés. L'étude rappelle également qu'une bonne partie des émissions de gaz à effet de serre imputables au transport sont surtout générés au moment du trajet entre le magasin et le domicile du consommateur final.


Le choix du mode de transport dépend de différentes contraintes, telles que son coût, la distance à parcourir et les caractéristiques du produit. Les transports par route ou rail sont privilégiés à l'échelle nationale ou continentale. D'un continent à l'autre, les aliments avec une durée de conservation limitée, comme les asperges ou les mangues, voyagent par avion. Le commerce maritime surtout, peu onéreux, occupe une place grandissante, avec des navires spécialisés comme les cargos réfrigérés ou les porte-conteneurs. Quel que soit le mode de transport choisi, le parcours d'un aliment reste complexe.


Pour évaluer l'impact environnemental des transports, le "kilomètre alimentaire" permet de calculer la quantité de CO2 émise pour transporter une tonne d'aliment sur un kilomètre. Le bateau est le moyen de transport qui émet le moins de CO2 (15-30 g/t au km), suivi par le train, la voiture, le camion, puis l'avion (570-1580 g/t au km).


Fig 6 : Impact environnemental d'un bouquet de fleurs importées en France. Source : Fleurs d'ici.
Fig 6 : Impact environnemental d'un bouquet de fleurs importées en France. Source : Fleurs d'ici.


PARTIE 3 : Les variations climatiques et l'impact sur les plantes


Nous avons déjà évoqué ce sujet à travers 3 articles précédent :

Ce qu'il faut retenir :

  • L’agriculture est fortement touchée par la sécheresse. En effet, le manque d’eau dans les sols a des répercussions sur les récoltes. D’après le ministère de l’agriculture, la sécheresse a provoqué d'importantes pertes de production, notamment sur les céréales, le maïs et le foin, qui se répercutent sur la filière élevage. A l'échelle de l'Europe, les pertes ont triplé depuis ces cinquante dernières années, selon une étude publiée récemment dans la revue Environmental Research Letters. Un exemple particulièrement marquant et actuel de l’impact de la sécheresse sur l’agriculture est la pénurie de moutarde que nous avons vécu (et vivons encore un peu) en 2022. Tout commence en 2017, alors que la culture de graines de moutarde en France diminue à cause de l'arrêt de certains pesticides, désormais interdit en France, et conduisant à des attaques ravageuses d’insectes. Ainsi la production de graines de moutarde est passée de 12 000 tonnes en 2017 à 4 000 tonnes en 2021. Le Canada est alors devenu le premier fournisseur mondial de graines de moutarde (fournissant 80% en France, contre 20% pour la production bourguignonne). Cependant, le pays à été confronté en 2021 à une grande sécheresse, entraînant une diminution drastique de sa production et ainsi une pénurie mondiale de pots de moutarde qui a particulièrement touché les français (et Dijon !) grands amateurs de moutarde. Suite à cette crise, la région Bourgogne a décidé de relocaliser sa production de graines de moutarde en plus que doublant sa production pour 2023 avec 10 000 ha. La bourgogne devrait ainsi se placer, deuxième producteur de graines, derrière le Canada, avec 15 000 tonnes de graines soit 40% des besoins de moutardiers. Pour lutter contre les insectes ravageurs, des études menées chez Agrosup ont permis de trouver des plants de moutardes résistants aux insectes qui nuisent à la production.


  • Près de 3 espèces de plantes disparaissent chaque année. Une étude parue dans la revue Nature Ecology & Evolution fait mention de 571 plantes disparues depuis 1750. Ce qui est deux fois plus que tous les oiseaux, mammifères et amphibiens disparus cumulés. Les plantes les plus touchées par des disparitions sont les arbres, arbustes et autres plantes ligneuses. 40% des espèces végétales sont menacées. Depuis 1900, on estime que 3 espèces de plantes disparaissent chaque année. La disparition d'espèces végétales concerne principalement les îles et les régions tropicales, qui possèdent une biodiversité très riche (les îles qui représentent 5% de la masse terrestre mondiale hébergent 17% des espèces d'oiseaux et de plantes de la planète) mais aussi très vulnérable. Ces disparitions touchent également les plantes agricoles, en effet selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 75% de la diversité des plantes cultivées a disparu en un siècle. Depuis la naissance de l'agriculture ce n'était pas moins d'une dizaine de milliers de végétaux cultivés, aujourd'hui seulement 150 espèces de plantes nourrissent la planète. Nous pouvons prendre en exemple les tomates, seulement 7 espèces ont subsistés contre une trentaine en 1900. Ce sont les conséquences d'un modèle agricole qui sélectionne des variétés plus robustes aux aléas climatiques, plus normées esthétiquement et dont la croissance est la plus rapide.


  • Le changement climatique affecte les plantes de différentes manières. La transformation des milieux se traduit par la disparition et l’apparition de certaines espèces, mais aussi par le déplacement de certaines zones géographiques. Le climat se réchauffe, de ce fait, les aires de répartition (il s’agit de la zone délimitant la répartition géographique d'une espèce) migrent vers des zones plus froides. Selon une étude de Vigie Nature, les feuilles et fleurs des plantes apparaissent entre 2,5 et 5 jours plus tôt par chaque degré de hausse de température, impactant l'industrie du végétal (chaîne d'approvisionnement à retravailler). La hausse des chaleurs perturbe le métabolisme des plantes et favorise le développement de parasites. Les forêts ne sont pas épargnées, les sécheresses entraînant des stress hydriques qui profitent au développement de parasites comme les scolytes. La pollinisation par les insectes contribue à 9,5% de la production alimentaire mondiale, mais certains insectes sont très sensibles aux conditions environnementales, notamment le bourdon, qui est l’un des plus importants pollinisateurs, leur déclin entraîne ainsi celui des végétaux qu’ils pollinisent. Certaines espèces deviennent plus fréquentes dans le temps alors que d’autres disparaissent. Par exemple, le Brome de Madrid (Anisantha madritensis), est en augmentation et à l’inverse la Gentiane des Alpes (Gentiane alpina), est en régression. Les plantes qui se maintiennent et qui colonisent facilement les espaces sont celles qui ont un indice de préférence thermique plus élevé, elles préfèrent ainsi la chaleur.


Comme nous l'avons évoqué dans la première partie, la lavande est une victime directe du changement climatique. Les hausses des températures et les périodes de sécheresse dans le sud de la France réduit considérablement la production de lavande.



PARTIE 4 : La sécurité alimentaire


Tout d'abord, il faut différencier la sécurité alimentaire de la souveraineté alimentaire. La sécurité alimentaire renvoie à un objectif qui est atteint lorsque l'ensemble de la population d'un territoire a accès à la nourriture. La définition exacte est la suivante : "La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active." La sécurité alimentaire fait donc abstraction du concept de production. On peut atteindre la sécurité alimentaire tout en important la majeure partie de son alimentation. Au contraire, la souveraineté alimentaire repose sur le "droit de chaque pays de maintenir et développer sa propre capacité à produire son alimentation."


La sécurité alimentaire est composée de quatre dimensions :

  • l'accès à la nourriture

  • la disponibilité (quantités suffisantes)

  • la qualité (nutritionnel et sanitaire)

  • la stabilité des trois autres dimensions dans le temps.

En Europe, outre le commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, trois organes s'occupent de ce domaine :

  • la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire;

  • l'Agence exécutive pour les consommateurs, la santé, l'agriculture et l'alimentation (CHAFEA);

  • l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Pour la période 2022-2031, la stratégie de la FAO prend en compte la nécessité de transformer le système agro-alimentaire en s'appuyant sur 4 améliorations :

  • la production : innovation pour une production durable, accès aux ressources pour les petits producteurs

  • la nutrition : mise en avant des aliments nutritifs et salubres pour tous, réduction du gaspillage

  • l'environnement face au chargement climatique en développant la bio économie et la biodiversité

  • les conditions de vie : croissance économique réduisant les inégalités et transformation rurale

Quelle sécurité alimentaire dans le monde ?

  • 660 millions de personnes pourraient connaître la faim en 2030

  • L'insécurité alimentaire modérée ou grave a augmenté depuis 2014 : près d'une personne sur trois n'ont pas eu accès à une nourriture adéquate, près de 12% de la population mondiale était en situation d'insécurité alimentaire grave en 2020.

  • Plus de neuf enfants sur dix souffrent d'un retard de croissance.

Sur une zone de l’Afrique Australe, 45 millions de personnes survivent grâce à l’aide alimentaire. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le nombre de cas de sous-alimentation chronique en Afrique est passé de 20,8% en 2015 à 22,7% en 2016, touchant 224 millions de personnes sur le continent. Dans les camps de réfugiés du Sahara occidental, qui abritent plus de 173.000 personnes ayant fui le territoire en dispute il y a 35 ans, la situation est encore plus alarmante : le taux de malnutrition arrive à 40% et touche surtout les enfants, selon le Croissant Rouge.


Au Japon et à Singapour, où l’on souffre de l’absence de terres arables (au Japon on parle de 12% de terre arables et seulement 1,1% pour Singapour), l'importation de denrées est massive (Singapour importe 90% de son alimentation). Récemment, les deux pays ont décidé d'investir dans l'agriculture verticale (développement de plus de 400 fermes verticales). Grâce à elles, leurs gouvernements respectifs espèrent produire 30% de leur alimentation d’ici 2030.


L'insécurité alimentaire et la malnutrition se sont aggravées et l'objectif "Faim zéro" à l'horizon 2030 ne pourra pas être atteint . Sont en cause : la pandémie de Covid-19, les conflits, la variabilité du climat, les phénomènes climatiques extrêmes, et les ralentissement économiques.



PARTIE 5 : Les crises mondiales et l'impact sur l'importation de végétaux

Le secteur agricole est soumis en temps normal à de nombreux aléas que ce soit au niveau de la production ou de la continuité des approvisionnements (aléas météorologiques, problèmes liés aux différentes voies d’approvisionnement et routes commerciales, fluctuation des prix, chaînes logistiques…). Cela a été bénéfique durant la crise sanitaire. Ainsi, constatant la résilience du système alimentaire français, il n’y aurait pas, selon de nombreux observateurs et experts, à redouter pour la France une rupture d’approvisionnement problématique, c’est-à-dire portant sur un produit de consommation alimentaire de base. [4]


La France est dépendante de l'énergie (gaz et pétrole) pour assurer sa production agricole. Ces énergies servent à faire fonctionner les machines agricoles, mais la France est également dépendante de certaines machines agricoles (importées d'Asie), robots et logiciels.


Une crise d’approvisionnement sur l’un de ses facteurs, qui sont souvent des produits irremplaçables, pourrait s’avérer critique pour assurer la continuité de la production.


La guerre entre la Russie et l'Ukraine entraîne une hausse record du prix des matières premières alimentaires (blé, huile, soja, notamment) et de l'énergie, ce qui a un important impact sur l'Europe qui importe ces denrées. De plus, certains pays d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie dépendent à plus de 50% des importations de blé Russe et Ukrainien.


Dans ce contexte un plan résilience agricole et alimentaire (France 2030) a été annoncé en France. La commission européenne a présenté en mars 2022 un plan pour préserver la sécurité alimentaire.


Lors d'une crise qui touche les prix et l'approvisionnement, l'UE dispose d'un plan d'urgence, prévu dans la stratégie "De la ferme à la table". Mis en place en 2021 dans le cadre de la pandémie du Covid-19, il prévoit notamment la coordination de la chaîne alimentaire à l'échelle européenne pour éviter des pénuries : soutien aux agriculteurs, aides au stockage privé, dérogation aux règles de concurrence, assouplissement de la PAC (prolongation des délais de paiement par exemple).


Le 23 mars 2022, la Commission européenne a annoncé des mesures exceptionnelles pour faire face aux répercussions de la guerre en Ukraine, notamment pour :

  • augmenter la production nationale (mobilisation des terres en jachères pour toute culture destinée à l'alimentation humaine et animale);

  • utiliser la réserve de crise agricole (500 millions d'euros pour aider les agriculteurs en cas d'instabilité des prix);

  • activer le mécanisme européen de préparation et de rédaction aux crises de sécurité alimentaire (EFSCM).

La FAO dispose d'outils spécifiques en cas d'urgence alimentaire (conflit, catastrophe naturelle, épidémie) en particulier : stocks nationaux de sécurité, désignation d'organes responsable des réserves et de la distribution alimentaire d'urgence.


Dans le cadre des risques liés au conflit ukrainien, la FAO a publié les recommandations suivantes :

  • laisser ouvert le commerce mondial des aliments et des engrais

  • diversifier les fournisseurs d'aliments

  • éviter les réponses au cas par cas (réduction des droits de douane ou restrictions à l'exportation)


PARTIE 6 : Les solutions

Manger local

Les fruits et légumes locaux en France:


Tout comme on privilégie les fruits et légumes locaux, il faut également mettre en avant les fleurs qui poussent localement en France et qui ont donc un impact moindre sur l'environnement. Le mouvement Slow Flower, né aux Etats-Unis, permet de renouer avec la culture des fleurs de manière durable et raisonnée, et donc de favoriser les circuits courts. Afin de suivre la saisonnalité des fleurs de France, vous pouvez aller voir sur Fleurs de saison.


Le développement de l'agriculture urbaine a réduit les distances entre les zones de production et les zones de consommation, alors que près de 60% de la population mondiale vit dans des zones urbaines. On parle d'une production située à plus de 3000 km du point de vente pour la culture en plein champs contre moins de 100 km pour l'agriculture urbaine. De manière générale, l'agriculture urbaine (qui peut être sous serre comme en plein air, voir notre livre blanc pour plus de détail) permettrait de produire 100 à 180 millions de tonnes de nourriture.


Serre et agriculture à climat contrôlé

La culture sous serre chauffée se présente plus comme une solution économique, afin d'assurer la souveraineté d'un pays, qu'une véritable solution écologique. Du moins pour le moment.


Selon une étude universitaire anglaise (université de Cranfield) datant de 2007, une rose du Kenya émet six fois moins de CO2 – voyage en avion compris – qu’une rose des Pays-Bas élevée sous une serre chauffée au gaz naturel [12]. Cependant, ce rapport n'est plus d'actualité car de plus en plus de serres se couvrent de panneaux solaires, et utilisent la géothermie afin de réduire la facture énergétique et optimisent leurs besoins énergétiques. D'après les chiffres de l'ADEME, les serres consommeraient 9 kWh/kg d'énergie contre 2 kWh/kg d'énergie pour les cultures en pleine terre.


Actuellement, l’immense majorité (70%) des 550 000 tonnes de tomates françaises sont produites en culture hors-sol; tandis que la moitié des fraises sont désormais produites en culture hors-sol.

Pour avoir encore plus de contrôle sur les plantes, et permettre un plus grand catalogue de variété, il s'est développé les fermes à climat contrôlé, qui sont donc indépendantes du soleil et du climat extérieur. Ces structures permettent de cultiver toute l'année, et donc d'avoir une production plus élevée que le plein champ ou que la serre. Les besoins énergétiques peuvent se montrer plus conséquents que ceux de plein champ. Tout comme les serres, les fermes en enceinte fermée optimise progressivement leurs besoins énergétiques et utilisent essentiellement des énergies propres (nucléaire et renouvelable contre énergies fossiles pour les tracteurs).


Si l'on compare les besoins en eau, les cultures sous serre ou en climat contrôlé (souvent combinée en hors-sol) permettent d'économiser de 70 à 98% d'eau par rapport à l'agriculture traditionnelle.


Résistance des plantes

Farm3 a travaillé sur le pin maritime et sur sa résistance au stress hydrique à travers l'épigénétique (sans aucune modification génétique). Les résultats de l’expérience ont montré que les plants acclimatés dans les chambres de culture Farm3 ont un taux de survie de 80% à un stress hydrique intense, contre 43% pour les plants classiques.


Cette expérience a ensuite été répliquée sur le prunellier, puis sur la vigne avec une première étude à grande échelle transplantée en pleine terre.



Cette étude apporte des solutions quant à l'adaptation des plants face au changement climatique, et plus particulièrement la sécheresse, de plus en plus fréquente.


Importation de nouvelles espèces végétales

Au delà d'un réaménagement naturel des espèces végétales (celles adaptées aux températures élevées sont plus abondantes et s'installent dans de nouveaux territoires), les professionnels du végétal importent de nouvelles espèces adaptées à des climats plus chauds.


C'est une pratique qui commence déjà a se développer en arboriculture.

En France, les sapins sont essentiellement cultivés dans le Morvan, le Jura, le Poitou et la Bourgogne.


Les variétés de sapins de Noël en France sont :

  • le nordmann (73 %) : résistant, touffu

  • l'épicéa (25%) : odeur de pin, perd ses épines

  • le nobilis : jolie couleur bleutée


Mais face au réchauffement climatique, les cultivateurs essayent de nouvelles variétés tels que le Lasiocarpa originaire du Nouveau-Mexique, plus résistant à la chaleur.

Protection des agriculteurs

Au delà des intempéries climatiques, on trouve également une origine sociale au déclin de la productivité du végétal en France. En effet, comme nous l'avons écrit à plusieurs reprises au cours de cet article, il y a une problématique de disparition progressive de la surface de production ainsi que de la part des agriculteurs en France.


Depuis 2000, on enregistre une diminution moyenne de l'ensemble du verger français de plus de 12%.

Fig 9 : Evolution du nombre d'exploitations agricoles entre 1970 et 2020. Source : Ministère de l'agriculture.
Fig 9 : Evolution du nombre d'exploitations agricoles entre 1970 et 2020. Source : Ministère de l'agriculture.

En 10 ans il y a eu une diminution de 21% des agriculteurs français qui touche majoritairement l'élevage. Le nombre d'exploitations françaises disparues au cours de ces dix dernières années s'élève alors à 100 000. Cependant, la taille des exploitations augmente et mesure en moyenne 69 hectares. Cette dynamique a commencé dès les années 70. En 2019, plus de la moitié des agriculteurs sont âgés de 50 ans ou plus et seulement 1% des agriculteurs ont moins de 25 ans. [13] Pour contrer ce vieillissement de la population agricole, il convient que le gouvernement engage une politique encourageant le renouvellement des générations et l'intégration des femmes qui représentent pour le moment 27% de la part d'emploi en agriculture. Enfin, 9 exploitations horticoles sur 10 ont disparu en l'espace de 50 ans.


Parmi les problèmes que relèvent les agriculteurs, on retrouve :

  • Un niveau élevé d'exigence des politiques environnementales, coûteux pour les producteurs. Ils sont souvent mal accompagnés dans les transitions environnementales (interdiction de certains produits néfastes pour l'environnement sans solution alternative pour le producteur qui devra donc faire face à une concurrence plus rude)

  • Une mauvaise rémunération des agriculteurs avec des conditions de travail difficiles.

Afin de relancer la production en France, un rapport sénatorial sur la compétitivité de la "Ferme France" propose 24 recommandations à mettre en place d'ici 2028, parmi lesquelles :

  • soutenir les filières agricoles et agroalimentaires face à la crise énergétique en considérant ces secteurs comme essentiels

  • faire de la France un champion en matière d'innovation environnementale

  • s'engager à mieux faire respecter les normes minimales de production au sein de l'Union Européenne.

Conclusion




 

Farm3 est un expert de la donnée agronomique (génération et traitement) et le seul acteur qui propose une solution toute intégrée. Farm3 place la plante au cœur de vos projets de fermes verticales, vous permettant de produire en hors-sol des plantes qui jusqu'à présent ne l'étaient pas, et ce à des coûts d'investissement et de production réduits et maîtrisés.







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